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RAPPORT 1999 REPORTERS SANS FRONTIERES |
MOLDAVIE |
Les journalistes moldaves ont accueilli avec
un certain optimisme le changement de majorité amené
par les élections législatives de mars 1998 : pour
la première fois de son histoire, le Parlement a pour
président un ancien journaliste de profession. M. Diacov
qui, selon la Constitution du pays, a plus de pouvoir que le
Premier ministre, s'est engagé à améliorer
les conditions de travail des journalistes et à garantir
l'indépendance de la presse. Mais cet événement
n'a pas changé grand-chose à la vie des médias,
notamment dans la République autoproclamée de Transdniestrie
où reste en vigueur l'état d'urgence instauré
en 1990.
Un certain nombre de dispositions de la loi sur l'information
continuent de porter atteinte à la liberté d'informer.
Ainsi l'article 4, amendé en 1998, pénalise aussi
bien la "diffamation" que la "contestation"
à l'adresse de l'Etat. Les journalistes moldaves se plaignent
également du manque de transparence des administrations
gouvernementales et des inégalités d'accès
à l'information selon la "couleur" politique
présumée du média.
Le Parlement a obtenu de la Cour constitutionnelle le droit de
nommer les dirigeants de la radiotélévision d'Etat
sans même consulter le Conseil de l'audiovisuel qui a désormais
un rôle purement symbolique. Les ondes restent au service
des partis qui contrôlent le Parlement. Des nombreux journalistes
ont perdu leur poste suite à des querelles politiques
au niveau local.
Les problèmes de la presse indépendante sont avant
tout d'ordre économique, affirment les autorités
de Chisinau. Mais même sur ce point, l'Etat ne fait rien
pour améliorer cette situation : le maintien à
20% du taux de la TVA sur la presse a coûté la vie
à de nombreuses publications. A cela s'ajoute l'augmentation
de 30% du prix du papier et des services d'impression et un pouvoir
d'achat drastiquement réduit par la dévalorisation
de la monnaie locale. |
Fin mars 1998, le directeur du Comité
de la radiotélévision de Transdniestrie demande
au ministre chargé de la sécurité dans la
République autoproclamée de traduire Ernest
Abildaiev, directeur de la chaîne de télévision
TVK (émettant de Tiraspol), devant un tribunal pénal
pour "activité illégale et diffamation".
Délit passible d'une peine de prison. Bien que Ernest
Abildaiev ait obtenu une licence officielle du Conseil de coordination
audiovisuelle à Chisinau, les autorités de Tiraspol
ont refusé de lui reconnaître le droit d'émettre
en Transdniestrie. Il a alors décidé de diffuser
sans "l'autorisation" des autorités locales.
Le 18 juin, le Conseil constitutionnel entérine une modification
de la loi sur l'audiovisuel qui permet dorénavant au Parlement
de nommer et révoquer les dirigeants de la compagnie d'Etat
Teleradio Moldava , seul organisme diffusant sur tout
le territoire de la Moldavie. Les journalistes qualifient cette
décision de "dangereuse".
Fin juin, le Parlement propose la modification de l'article 4
de la loi sur la presse. L'amendement du 1er alinéa de
l'article 4 propose d'interdire la publication de tout article
diffamant ou portant atteinte au régime. Les experts du
Conseil de l'Europe ont demandé la suppression de cette
formule.
Le 16 novembre, la radiotélévision d'Etat, Teleradio
Moldava, annonce la réduction de ses programmes télévisés
de dix-huit à cinq heures par jour suite aux difficultés
économiques que connaît la chaîne. Les émissions
à destination des minorités (bulgare, gagaouze
et ukrainienne) seront notamment supprimées. |
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