Le Ministère de l'Intérieur

Jean-Pierre Chevènement
[qui est concerné ?]


Communiqué du 30 juin 1998

Grève de la faim au Temple des Batignolles

 
Cette grève de la faim trés médiatique suscite des prises de positions qui amènent la Ministre de l'Intérieur à faire quelques mises au point.

  1. Le gouvernement a d'ores et deja confirmé que l'ensemble des recours feraient l'objet d'un examen attentif. Mais malgré plusieurs demandes, le troisième collectif et les représentants des grévistes de la faim refusent de faire connaitre les noms des personnes concernées. Prenant en otage le gouvernement de la République, ils demandent la régularisation de tous les étrangers en situation irréguliere appartenant au collectif. Or, il ne peut y avoir de régularisation générale.

  2. La circulaire du 24 juin 1997 a créé les conditions d'une régularisation sur critères. Elle s'est très directement inspirée de l'avis de la Commission Nationale Consultative des Droits de l'Homme du 12 septembre 1996. Ceux qui trouvent aujourd'hui abusif de considérer la justification du travail et de ressources régulières, d'un domicile ou de l'acquittement des impôts comme des indices nécessaires de bonne intégration, oublient que cela figurait en toutes lettres dans l'avis de la CNCDH. Si certains ont changé d'avis, ce n'est pas le cas du gouvernement qui, ayant repris les critères proposés, entend bien s'y tenir.

  3. Il ne peut être question de régulariser collectivement un ensemble de ressortissants chinois ou turcs, alors même qu'ils sont souvent entrés en France clandestinement en payant jusqu'a 150.000 francs le passage par une filière criminelle d'immigration clandestine. En effet, cela reviendrait à régulariser et à enrichir la filière elle-même, avec ses relais mafieux, à cautionner le système de travail forcé qui en est la conséquence, celui des dizaines d'ateliers clandestins découverts et réprimés régulièrement par les services de police. Comme pour les autres demandeurs, les demandes de ces ressortissants sont et seront donc examinées individuellement sur la base des critères fixés. Ni plus, ni moins.

  4. La régularisation entreprise par la circulaire du 24 juin 1997 devrait concerner 80.000 personnes sur la base de ces critères. Elle est, certes, un peu moins large que celle de 1981 - 1982, qui avait touché 120.000 personnes, mais avait été mal comprise par nos concitoyens. Celle de 1991, qui ne concernait que les demandeurs d'asile déboutés, avait été quant à elle, très restrictive, puisque plus des 2/3 de demandes avaient été rejetées. Le choix d'une politique généreuse, mais ferme, se traduit donc dans l'application de la circulaire.

  5. Les personnalités qui ont lancé un appel au gouvernement, demandent « la régularisation de tous ceux qui en ont fait la demande », qui selon eux, entrent tous dans le cadre fixé par la CNCDH. C'est une vision bien curieuse de l'application de critères que de décider que tout le monde les remplit. Gouverner, ce n'est pas faire plaisir à tout le monde. C'est faire ce que l'on croit juste, avec intelligence et humanité, en l'expliquant à nos concitoyens. Dans cette opération de régularisation, le gouvernement dit ce qu'il fait et fait ce qu'il dit.