Troisième collectif des
Sans-papiers de Paris
Le Troisième Collectif des Sans-Papiers de Paris s'est formé à l'initiative d'immigrés sans papiers qui désiraient s'intégrer à la lutte du collectif de l'église Saint Bernard, en août 1996. Celui-ci préférant limiter le nombre de ses membres à 300, il a invité les nouveaux venus à constituer leur propre organisation pour mener le même combat, à ses côtés.
La première AG s'est tenue le 17 août 1996. Le principe d'une structure ouverte à tous a été retenu. Le Troisième Collectif représente plus d'un millier de personnes, de 27 nationalités différentes (Chine, Asie du Sud-Est, pays du Maghreb et d'Afrique noire, Turquie, Haïti, etc.). Il a désigné une quinzaine de délégués qui sont assistés d'un groupe de soutien, constitué de bénévoles et de militants individuels ou membres de diverses organisations engagées dans la lutte pour la régularisation des sans-papiers, notamment les associations issues de l'immigration : Association des travailleurs marocains en France (ATMF), Association des Tunisiens en France (ATF), Association des travailleurs turcs (ATT), etc. Le Collectif s'appuie aussi sur l'aide d'avocats et de juristes.
Le samedi 22 février 1997 (jour où 100.000 personnes défilent contre la loi Debré), le troisième collectif occupe pendant une nuit l'église Saint-Jean-Baptiste-de-Belleville dans le 20ème arrondissement de Paris (photo de Pascal Lafay ci-dessous), avant d'en être évacué par la police le lendemain matin à 6h30, à la demande du maire de Paris Jean Tibéri.
Le samedi 16 mai 1998, plus d'une centaine de sans-papiers du troisième collectif occupent la Mission évangélique à Paris, 17 rue de l'Avre dans le 15ème, avec l'accord de l'Eglise protestante. Quinze jours après, le dimanche 31 mai 1998, ils quittent la mission pour s'installer dans le 20ème, au Temple de Béthanie, 187 rue des Pyrénées. Quinze jours après, le dimanche 14 juin 1998, ils déménagent de nouveau pour le Temple du 44 Bd des Batignoles (métro Rome), dans le 17ème.
Mardi 16 juin 1998 : début d'une grève de la faim. Trente sans-papiers parmi eux (principalement turcs et chinois) commencent une grève de la faim, ayant épuisé tous les recours pour leur régularisation. Certains sont en France depuis 12 ans. Il y a 7 femmes parmi eux et ... un "soutien", l'anthropologue Emmanuel Terray.
Jeudi 16 juillet 1998 : au de la grève de la faim, les grévistes mettent un terme à leur action. Les représentants du 3ème collectif ont signé dans la soirée un protocole d'accord avec le Ministère de l'intérieur portant sur une ré-interprétation des critères applicables pour la régularisation. D'après Umit Metin (ATT), le "leader" de la communauté turque et l'un des négociateurs de l'accord, la quasi-totalité des sans-papiers du 3ème collectif vont être régularisés et la brèche ouverte va permettre la régularisation de plusieurs dizaine de milliers de sans-papiers, le Ministère de l'intérieur ré-examinant les recours hiérarchiques à l'aune des propositions négociées. Des scènes de liesse ont eu lieu au temple des Batignolles jusqu'à très très tard dans la soirée. Ce jour-là dans Le Monde, Pasqua demandait la régularisation de tous les sans-papiers qui en ont fait la demande...(!)