------------------------------------------------------------ Sami NAIR. Professeur d'Université Chargé de la mission interministérielle Migrations/Codéveloppement RAPPORT DE BILAN ET D'ORIENTATION SUR LA POLITIQUE DE CODEVELOPPEMENT LIEE AUX FLUX MIGRATOIRES (résumé) MISSION INTERMINISTERIELLE "MIGRATIONS/CODEVELOPPEMENT" Ministère des affaires étrangères 37, quai d'Orsay - 75007 PARIS 10/12/1997 SOMMAIRE UN AUTRE REGARD SUR I 'IMMIGRATION 3 A- LESAXES 4 Maîtriser les flux pour l'intégration. 5 Contingenter les migrations potentielles. 5 Des engagements bilatéraux impliquant de nouveaux acteurs. 6 B - LES ACTEURS 6 L'Etat. 6 Les collectivités territoriales. 7 Les ONG et les associations. 7 Les entreprises et les organisations professionnelles. 7 Les universités et les instituts de formation. 7 I. UNE POLITIQUE MIGRATIONS/CODÉVELOPPEMENT 8 I) POUR DES CONVENTIONS DE CODEVELOPPEMENT 8 2) UNE POLITIQUE CONCERTEE 8 3) UNE POLITIQUE COMPRISE PAR L'OPINION PUBLIQUE 8 4) UNE POLITIQUE MAITRISEE 8 Il LES OBJECTIFS D'UNE POLITIQUE MIGRATIONS/CODEVELOPPEMENT 9 1) INSTAURER LA MOBILITE DANS LE CADRE DE LA LOI 9 2) SOUTENIR LES PROJETS DE DEVELOPPEMENT IMPLIQUANT DES MIGRANTS 9 3) SOUTENIR ET RENFORCER L'ACTION DES COLLECTIVITES DECENTRALISEES 9 4) SOUTENIR ET RENFORCER L'ACTION DU MOUVEMENT ASSOCIATIF 9 5) FAIRE DES ETUDIANTS DES VECTEURS DE CODEVELOPPEMENT 9 6) MOBILISER LES ENTREPRISES POUR L'ACCUEIL DE JEUNES 9 7) FAVORISER LA MOBILITE DES ARTISTES POUR RENFORCER LES ECHANGES CULTURELS 10 8) FAVORISER L'INVESTISSEMENT PRODUCTIF DE L'EPARGNE DES MIGRANTS 10 9) IMPLIQUER L'EUROPE DANS LA POLITIQUE MIGRATIONS/CODEVELOPPEMENT 10 III. RENFORCER LE CARACTERE INTERMINISTERIEL DE LA POLITIQUE "MIGRATIONS/CODEVELOPPEMENT" 10 IV. LA PROCIIAINE ETAPE: CONDUIRE UN DEBAT APPROFONDI 10 V - RESUME DES PROPOSITIONS 36 (*) ANNEXES (*) 1 - Les limites de l'aide à la réinsertion 2 - Le programme développement local/migration 3 - Les accords bilatéraux relatifs à des échanges de stagiaires professionnels 4 - La coopération décentralisée dans la zone d'origine des migrants du fleuve Sénégal (*) Ce document ne contient que la partie V (résumé) du rapport. Les parties II, III et IV, ainsi que les 4 annexes, devraient suivre... Sami NAIR Professeur d'Université Chargé de la mission interministérielle Migrations/Codéveloppement Rapport de bilan et d'orientation sur la politique de codéveloppement liée aux flux migratoires Rapport d'étape L'objectif du rapport d'étape n'est pas de définir une nouvelle politique de coopération ou d'aide au développement mais de proposer un cadre théorique, des objectifs précis et une méthodologie d'action en matière de gestion des flux migratoires pour le codéveloppement. Ce travail s'inscrit dans le cadre des concertations interministérielles et des consultations de personnalités qualifiées que nous avons sollicitées depuis le 13 novembre 1997 Il n'engage, bien évidemment, que la responsabilité personnelle du chargé de mission. UN AUTRE REGARD SUR I 'IMMIGRATION (résumé) La politique de gestion de flux migratoires doit favoriser la stabilisation des immigrés légalement installés, l'intégration sociale, le contrôle de l'entrée en France, le respect des règles du séjour. Elle s'articule également sur la politique extérieure de la France. Si l'immigration constitue un apport réel dès lors qu'elle correspond aux besoins de la France, elle ne doit pas pour. autant être un manque à gagner pour les pays d'origine. La France incarnera d'autant mieux ses valeurs fondatrices. elle renforcera d'autant plus son rayonnement international, qu'elle saura faire de l'immigration un vecteur de solidarité avec les pays pauvres. La politique migratoire implique donc des relations responsables avec ces pays. Elle peut, elle doit s'approfondir, au-delà de la coopération internationale, en une variété de politiques sectorielles de codéveloppement. Cette exigence est devenue impérative, parce que la France ne peut plus, dans le contexte actuel, accueillir massivement de nouveaux flux migratoires et parce qu'elle doit agir sur les causes des migrations si elle veut éviter, par des mesures administratives draconiennes, de ruiner les principes mêmes de l'Etat républicain de droit. Ces vingt dernières années, le contexte économique international et national s'est considérablement modifié, les flux migratoires également. Jusqu'au milieu des années 70, la France avait besoin de travailleurs étrangers pour soutenir son rythme de développement : le système économique était en expansion, l'expansion assurait la croissance, la croissance favorisait l'intégration des nouveaux venus. L'immigration, peu qualifiée, souvent rurale, provenait en général de pays avec lesquels la France entretenait des liens historiques et culturels anciens (surtout les pays du Maghreb et de l'Afrique francophone). Aujourd'hui, l'économie change, la capacité d'absorption du marché du travail se réduit, la croissance est limitée, les flux migratoires se transforment autant dans leur composition sociologique que dans leur origine géographique. Cette situation peut se résumer en un paradoxe contraignant à la réduction drastique des capacités nationales d'accueil fait front l'extraordinaire diversification des flux migratoires. Le Gouvernement de la République propose aujourd'hui des lois qui, en matière de nationalité, d'entrée et de séjour, veulent trouver l'assentiment de la grande majorité des Français, dans le respect du droit et de la dignité des étrangers. Plus encore, une véritable prise de conscience s'opère, qui veut renforcer l'intégration légitime des immigrés légalement installés par l'aide aux pays d'origine afin d'assurer la stabilité de leurs populations. Le facteur nouvellement pris en compte est celui-ci les immigrés légalement installés peuvent jouer un rôle non négligeable dans le développement de leurs pays d'origine. Ils peuvent devenir un vecteur du développement par le codéveloppement. Les migrants vecteurs de codéveloppement. La politique de codéveloppement liée aux flux migratoires n'a pas pour but de favoriser le "retour" des immigrés chez eux s'ils n'en ont pas la volonté. Au contraire, leur présence légale en France est précisément la condition de l'aide efficace aux pays d'origine. Elle n'a pas non plus pour objectif la venue de nouvelles migrations. parce qu'elle ne prône en aucun cas l'ouverture tous azimuts des frontières. Elle vise surtout à renforcer l'intégration en France tout en favorisant la solidarité active avec les pays d'origine, à créer les conditions sociales pour aider les migrants potentiels à demeurer chez eux. S'il est devenu de plus en plus difficile d'agir sur les causes immédiates qui provoquent les flux migratoires (misère, développement inégalitaire, déstabilisation incontrôlée, anarchie urbaine) en utilisant les instruments macro-économiques dans les rapports entre pays pauvres et pays riches (difficultés de pallier les effets déstructurants des politiques d'ajustement structurel, efficacité limitée des systèmes de reconversion de la dette en investissements productifs, etc..., il n'en est pas moins toujours possible d'agir immédiatement sur ces causes par la multiplication des instruments micro-économiques du développement. L'immigration est un de ces instruments dès lors qu'elle devient objet d'intérêt pour les pouvoirs publics, pour les collectivités territoriales décentralisées, pour le mouvement associatif, pour les entreprises, pour les institutions de formation. Elle ajoute, à la seule dimension des transferts de biens et de ressources financières, la possibilité de diffusion, dans les pays d'origine, des normes et des valeurs démocratiques expérimentées en France. Le codéveloppement : approfondir la coopération. En ce cens, si l'immigration s 'inscrit dans le contexte de la politique classique de coopération de la France avec les pays d'origine, elle ne s'y réduit pas pour autant. La politique de coopération est une politique d'Etat à Etat. bilatérale, dans laquelle les relations d'échange participent de l'intérêt bien compris de chacun. La politique de codéveloppement s 'inscrit dans cette trame, mais l'approfondit en ajoutant à l'intérêt la solidarité contraignante. Elle signifie le dépassement de la coopération pour l'instauration d'objectifs communs. L'intérêt partagé de la France et des pays d'origine est de faire de l'immigration un vecteur de développement - parce que celui-ci signifie la stabilisation des flux migratoires dans le pays d'origine et la garantie de l'intégration en France même. Enfin, l'originalité de la politique de codéveloppement ne réside pas seulement dans l'articulation de l'intervention active des partenaires institutionnels, associatifs et économiques ; elle tient aussi et surtout dans le fait que le migrant devient acteur conscient du développement. C'est là qu'est le point central : nulle forme d'aide (pouvoirs publics, banques, associations, etc...> ne peut se substituer a l'action 4e l'immigre' lui-même. Il est le coeur et le corps vivant de l'opération. Sa participation active est la condition sine qua non de la solidité de l'édifice. A- LESAXES (résumé) La politique de codéveloppement liée aux flux migratoires doit s'articuler autour des axes suivants : Maîtriser les flux pour l'intégration. L'intégration des populations légalement installées en France n'est ni évidente, ni réellement achevée. Elle concerne l'immigration de travail que l'arrêt officiel de l'immigration en 1974 a limité sans pour autant la tarir, l'immigration familiale qui y correspond, les bénéficiaires du droit d'asile, les régularisés selon les diverses procédures exceptionnelles. Cette immigration, pâtit tout particulièrement de la crise sociale en France. Frappée massivement par le chômage, souvent confinée dans les banlieues, elle constitue un sujet de conflictualité permanent, surtout depuis que des forces politiques démagogiques utilisent sa présence en France pour attiser la xénophobie, la haine et le racisme. D'un autre côté, cette immigration subit aussi indirectement les effets de l'accroissement des inégalités Nord-Sud et des déplacements de populations liés aux désagrégations des Etats (surtout en Afrique). Elle devient, par devers elle, le pôle de référence pour toutes les victimes de la misère, de la violence et du désespoir social dans les pays pauvres. En fait, les inégalités de développement entre pays pauvres et riches se sont tellement approfondies ces dernières années, l'attrait du mode de vie dans les pays développés popularisé par les médias est devenu Si puissant- que les flux migratoires vont continuer à croître et toucheront sans doute des catégories nouvelles de populations. Livrés à eux-mêmes, ces flux contribuent à déligitimer l'immigration légalement installée en poussant les Etats à adopter, ou renforcer des mesures draconiennes de contrôle et de fermeture des frontières. Enfin, la composition sociologique des flux migratoires tend à se diversifier : à l'émigration rurale et périurbaine s'ajoute de plus en plus une émigration de couches intermédiaires (employés, petits commerçants et artisans, étudiants refusant le retour au pays d'origine) et même de couches moyennes (avocats, médecins, ingénieurs etc...). Or, si l'accueil des premières migrations de travail était une nécessité dans les années d'expansion et pouvait à la fois passer pour une aide de facto aux pays pauvres, il est aujourd'hui absolument évident que l'émigration des couches qualifiées correspond à une perte sèche, une hémorragie socio-économique pour ces mêmes pays. Ces nouvelles formes de migrations peuvent, favorisées par les pays riches, s'assimiler à une nouvelle forme de "pillage du Tiers-Monde". Si la politique d'intégration de l'immigration légalement installée reste donc une obligation pour la France, la nécessité d'organiser et de contrôler les nouveaux flux devient une tâche impérative pour l'intérêt de tous. Contingenter les migrations potentielles. La fermeture des frontières à de nouvelles immigrations est la réponse la plus simple, mais il faut aussi en assumer les conséquences inattendues accroissement des demandes d'asile, renforcement impressionnant du regroupement familial, immigration illégale, etc... Plus encore, la fermeture drastique des frontières favorise un phénomène nouveau : au lieu de rechercher seulement un travail rémunérateur. pour une période provisoire, le candidat est surtout obsédé par la quête d'un statut légal définitif car il sait que s'il quitte la France au terme d'un séjour temporaire, il lui sera difficile d'y revenir. Cette fermeture conduit ainsi souvent à l'installation définitive alors que beaucoup d'immigrés préféreraient pouvoir aller et venir plus librement, dans le cadre de séjours temporaires. Or, si l'on accepte l'idée que les migrations vont se poursuivre. il faut sortir de ces contradictions infernales. Les migrations peuvent en réalité devenir source de développement et de progrès social autant pour la France que pour les pays d'origine : la dynamique d'intégration de l'immigration légalement installée doit être renforcée, pour les migrations potentielles, par l'organisation de la mobilité et de l'alternance. C'est la seule manière de limiter de façon significative la pression migratoire et l'immigration illégale qui en découle, de lui donner une réponse légale, bénéfique tant pour la France que pour les pays d'origine. Cette alternance doit être organisée dans des cadres rigoureux et relever d'une véritable politique de contingentement des flux migratoires. Nous parlons de contingents, non de quotas. Les quotas visent à accueillir des catégories de personnes selon nos besoins immédiats, et à les doser selon nos seuls intérêts. Or, les pays pourvoyeurs d'émigrés n'ont pas nécessairement toujours intérêt à voir partir ceux dont nous avons besoin. Il faut dépasser cette logique strictement instrumentale. La politique de codéveloppement fait au contraire appel à des contingents de personnes destinées à se former en travaillant en France, en vue du retour programmé dans le pays d'origine. Cette politique articule nos besoins avec ceux des pays de départ. Par la circulation ainsi organisée, elle constitue une véritable aide au développement. Des engagements bilatéraux impliquant de nouveaux acteurs. En matière de flux migratoires, cette politique doit donc se déployer dans deux directions 1) utiliser l'immigration légalement installée comme vecteur permanent d'aide au pays d'origine 2) organiser les nouveaux flux de telle sorte que l'objectif consiste non pas à favoriser leur installation définitive en France, mais leur réinstallation dans le pays d'origine. C'est pourquoi leur statut doit être temporaire et clairement viser au retour. Cela signifie que la France parle clairement aux principaux pays pourvoyeurs de flux migratoires : leur collaboration est une condition indispensable pour la réussite de cette politique d'alternance. La France doit aider ces pays à former des cadres, des travailleurs ; ces pays doivent s'engager à réaccueillir chez eux ces travailleurs et ces cadres. Pour définir ce double engagement, nous proposons d'établir des conventions de codéveloppement/migrations entre la France et chacun des Etats concernes. La convention ne doit pas se limiter aux seuls Etats. De nouveaux acteurs entrent en jeu, qui peuvent renforcer considérablement l'efficacité de cette politique : les collectivités territoriales, les ONG et le mouvement associatif issu de l'immigration légalement installée, les entreprises privées, les universités et les instituts de formation, les organisations professionnelles. C'est pourquoi nous proposons que cette politique de codéveloppement se décline non seulement en conventions migrations/codéveloppement. ce qui implique l'ensemble des relations bilatérales entre Etats, mais aussi en contrats régionaux et locaux de codéveloppement, ce qui implique des relations directes avec les collectivités territoriales, entreprises, organisations professionnelles, universités, mouvement associatif. Loin d'être une stratégie administrative rigide de gestion des flux migratoires, la politique de codéveloppement appelle au contraire la fluidité, la multilatéralité et l'innovation horizontale entre les différents acteurs concernés. Ceux-ci interviennent dans des champs spécifiques mais leurs interventions s'entrecroisent et se complètent réciproquement. B - LES ACTEURS (résumé) L'Etat. Il a pour vocation de réguler les flux migratoires en relation avec les besoins de la France et ceux des principaux pays d'origine des immigrés : il apporte aussi par la mise en place des conventions migrations/codéveloppement, la garantie publique sur des engagements précis il soutient les acteurs concernés et coordonne leur action avec celle des structures infra-étatiques. Les collectivités territoriales. Elles peuvent aider à l'élaboration et à la réalisation de projets de développement intégrés (micro-projets, création d'entreprises, etc). Elles ajoutent à la verticalité de l'action étatique, l'horizontalité des pratiques démocratiques civiles en renforçant le rôle des acteurs de terrain et en développant des relations directes de société civile à société civile. Elles renforcent aussi la transparence de l'utilisation des fonds publics et leur contrôle par les populations. Par là, elles contribuent profondément à la transmission des pratiques démocratiques nécessaires pour la consolidation des Etats de droit dans les pays concernés. Elles permettent, enfin, de considérer les immigrés comme des acteurs du développement et favorisent ainsi la rencontre entre l'immigration et les populations locales dans le pays d'accueil. Les ONG et les associations. Leur importance n'est jamais suffisamment soulignée. Elles apportent solidarité innovation citoyenne, pratiques d'échanges culturels, soutien aux migrants sensibilisation de l'opinion publique en France. Elles sont, aujourd'hui. un véritable foyer d'expérimentations démocratiques dans des pays comme le Mali. le Sénégal, le Maroc, la Tunisie. Elles peuvent jouer un rôle très positif dans la limitation des pratiques arbitraires et renforcer ainsi la cohésion sociale et la paix civile dans ces pays. Elles doivent donc être associées aux contrats nationaux, régionaux et locaux de codéveloppement. Les entreprises et les organisations professionnelles. Le développement des pays d'émigration, particulièrement de ceux d'où proviennent les flux les plus importants, passe aujourd'hui par la formation de couches intermédiaires et moyennes solides et intégrées. Celles-ci ne peuvent plus être seulement portées par des politiques publiques liées ait secteur étatique. L'émergence d'un tissu de petites et moyennes entreprises est une condition impérative dit développement endogène. Seule sa constitution permettra de pallier les effets déstructurants des politiques d'ajustement structurel. La culture entrepreneuriale devient ainsi une condition sine qua non du développement. A partir des micro-projets, il est possible de favoriser l'expansion de cette culture et de libérer les énergies innovantes dans les pays d'origine. Les entreprises françaises qui veulent investir dans ces pays ont, de plus. besoin de personnel autochtone formé à la rationalité économique et aux normes de service correspondant à la qualité du produit offert (dans l'hôtellerie, le tourisme etc). Il est de leur intérêt de jouer un rôle moteur, avec les organisations professionnelles, dans la définition d'une organisation nouvelle, alternée, des migrations. Les universités et les instituts de formation. Ces institutions sont directement confrontées au problème de l'immigration non maîtrisée. Elles doivent faire face, sans moyens, â des flux d'étudiants qui ne s inscrivent ni dans une véritable stratégie d'accueil de l'Etat français ni dans celle d'un partenariat voulu avec les pays du Sud. Leur rôle est cependant essentiel pour l'adaptation de la qualification des étudiants étrangers aux besoins économiques et sociaux des pays pauvres. La politique de codéveloppement en matière de flux migratoires doit s'appuyer sur tous ces acteurs. Elle ne prétend pas résoudre définitivement la question des flux migratoires, elle indique surtout des voies pour orienter ces flux dans l'intérêt commun des pays d'origine et de la France. Elle ne peut, bien sûr, être appliquée invariablement à toits les pays d'émigration. Elle doit plutôt procéder par cercles concentriques. Nous proposons- en renforçant et élargissant ce qui a déjà été mis en place par le Secrétariat d'Etat à la Coopération, le Ministère de la Solidarité et de l'Emploi, l'OMI qu'elle s'applique d'abord aux pays avec lesquels la France entretient des relations particulières et profondes, ceux de l'espace francophone (Mali. Sénégal, Mauritanie, pays du Maghreb). Dans un second temps, elle pourrait être élargie à d'autres pays, particulièrement la Turquie. la Roumanie et certains pays asiatiques. Ce rapport ne se veut en rien définitif. C'est un rapport d'étape. Il cherche à s'inscrire dans la réflexion actuellement en cours sur la politique que la France entend élaborer en matière de développement et de coopération internationale. Relativement aux flux migratoires, nous proposons que cette réflexion soit menée dès maintenant en étroite association avec les acteurs susmentionnés. Le programme d'action proposé doit ouvrir cette concertation et aider à définir cette politique de codéveloppement par l'échange démocratique et la participation citoyenne. La France ne doit plus vivre l'immigration comme une pression insupportable. Elle doit, conformément à ses valeurs démocratiques et républicaines, aider au renforcement des Etats de droit dans les pays d'émigration. C'est ainsi, et seulement ainsi, qu'elle demeurera fidèle à elle-même. I. UNE POLITIQUE MIGRATIONS/CODÉVELOPPEMENT (résumé) I) POUR DES CONVENTIONS DE CODEVELOPPEMENT Des conventions de Codéveloppement engageront la France et les pays partenaires. Une commission mixte migrations codéveloppement définira le contenu concret de ces conventions en associant à titre consultatif les différents partenaires collectivités territoriales, associations, entreprises, universités... Des contrats de codéveloppement régional et local privilégieront l'action de proximité. 2) UNE POLITIQUE CONCERTEE Une concertation permanente et institutionnalisée sera instaurée dans le cadre de La Commission Nationale de la Coopération Décentralisée (collectivités territoriales), La Commission Coopération et Développement (COCODEV) (Associations de solidarité internationale) Le Haut Conseil de la Solidarité Internationale (ensemble des partenaires) 3) UNE POLITIQUE COMPRISE PAR L'OPINION PUBLIQUE Une politique de communication mettra en valeur les actions et les réalisations concrètes en s'appuyant sur les grandes associations et les collectifs des organisations de solidarité internationale qui jouent Lin rôle essentiel dans la sensibilisation des opinions. 4) UNE POLITIQUE MAITRISEE Une commission ad hoc permettra l'évaluation partenariale de la politique Migrations/Codéveloppement. Il LES OBJECTIFS D'UNE POLITIQUE MIGRATIONS/CODEVELOPPEMENT (résumé) 1) INSTAURER LA MOBILITE DANS LE CADRE DE LA LOI Une mobilité maîtrisée sera organisée pour certaines catégories de personnes non prises en compte par le rapport Weil (étudiants bénéficiaires des contrats de codéveloppement formation/emploi, personnes ayant bénéficié des dispositifs d'aide au projet ou du statut de stagiaires professionnels, anciens immigrés, artistes). Des contingents codéveloppement seront définis au sein de commissions mixtes en fonction des intérêts communs de la France et des pays d'origine. 2) SOUTENIR LES PROJETS DE DEVELOPPEMENT IMPLIQUANT DES MIGRANTS L'aide aux projets des migrants devra dépasser la simple aide au retour par l'accroissement de l'aide financière, la création de systèmes financiers décentralisés, et le renforcement des dispositifs d'appui et d'accompagnement. 3) SOUTENIR ET RENFORCER L'ACTION DES COLLECTIVITES DECENTRALISEES L'Etat privilégiera dans ses cofinancements les projets de coopération décentralisée impliquant des migrants. Les contrats de codéveloppement régionaux et locaux dans les pays d'origine et les conseils locaux du codéveloppement en France faciliteront l'engagement des collectivités territoriales et des autres partenaires locaux.. 4) SOUTENIR ET RENFORCER L'ACTION DU MOUVEMENT ASSOCIATIF L'Etat soutiendra prioritairement dans ses cofinancements les projets associatifs migrations/codéveloppement, et aidera la structuration des associations impliquant des migrants. 5) FAIRE DES ETUDIANTS DES VECTEURS DE CODEVELOPPEMENT Des contrats codéveloppement formation/emploi offriront aux étudiants la possibilité de venir se former en France pour autant qu'ils acceptent de mettre leur compétence au service du développement de leur pays d'origine. Les contingents de tels contrats seront définis par la commission mixte en fonction des garanties d'emploi offertes au retour. Pour les autres étudiants originaires des pays partenaires de politiques de codéveloppement, il sera possible d'acquérir une expérience professionnelle à travers un stage salarié de 3 à 18 mois après la fin de leurs études. 6) MOBILISER LES ENTREPRISES POUR L'ACCUEIL DE JEUNES TRAVAILLEURS EN STAGE DE PERFECTIONNEMENT PROFESSIONNEL Des contrats codéveloppement/qualification professionnelle permettront à de jeunes travailleurs (18-35 ans) des pays partenaires de convention de codéveloppement de bénéficier pendant 9 à 18 mois d'une expérience de perfectionnement professionnelle à travers des stages salariés dans les entreprises françaises. Les contingents de ces contrats seront déterminés annuellement au sein des commissions mixtes, en relation avec les entreprises volontaires. 7) FAVORISER LA MOBILITE DES ARTISTES POUR RENFORCER LES ECHANGES CULTURELS La mobilité des artistes originaires des pays partenaires de ces conventions de codéveloppement sera facilitée par l'octroi, sur avis du service culturel de l'ambassade concernée, d'un visa de circulation dont le renouvellement sera simplifié. 8) FAVORISER L'INVESTISSEMENT PRODUCTIF DE L'EPARGNE DES MIGRANTS Des instruments financiers mixtes proposeront aux immigrés des produits d'épargne incitatifs orientés vers l'investissement productif. 9) IMPLIQUER L'EUROPE DANS LA POLITIQUE MIGRATIONS/CODEVELOPPEMENT Un volet Migrations/Codéveloppement sera introduit dans les accords de Lomé V. La France veillera à ce que ce volet soit orienté non pas seulement vers l'aide au retour mais vers l'aide au projet et l'instauration d'une mobilité maîtrisée. La France doit proposer l'intégration des actions Migrations/Codéveloppement dans le cadre du partenariat euro-méditerranéen (programmes MEDA). III. RENFORCER LE CARACTERE INTERMINISTERIEL DE LA POLITIQUE "MIGRATIONS/CODEVELOPPEMENT" (résumé) Les moyens financiers de la politique "Migrations/codéveloppement" devront être mobilisés par redéploiement de crédits existants. Une structure Interministérielle doit être créée pour veiller à la mise en oeuvre de cette politique, animer et évaluer les dispositifs partenariaux, assurer la concertation avec les pays d'origine et l'ensemble des acteurs concernés, promouvoir une politique de communication adéquate. Cette structure sera placée sous l'autorité du Premier Ministre, et soumettra ses orientations au Comité Interministériel d'Aide au Développement. IV. LA PROCIIAINE ETAPE: CONDUIRE UN DEBAT APPROFONDI (résumé) Les propositions de ce rapport doivent faire l'objet d'un débat approfondi avec l'ensemble des partenaires ( administrations, pays d'origine, acteurs décentralisés). Des groupes de travail, et des réunions publiques sur des thèmes précis rythmeront ce débat qui se conclura en mai 1998 par l'organisation d'Etats généraux du codéveloppement en mai 1998.