par Fil | [page d'accueil] |
Ça et là, depuis un mois, on parle de "chefferie militante", on demande qui est représentatif, qui est en charge... Ces questions concernent également le "web Internet des sans-papiers". Elles sont la preuve de l'apparition de relations de pouvoir parmi nous, soutiens internettiques des sans-papiers.
Mais je crois que ces relations de pouvoir qui ont émergé n'ont pas été voulues, ne sont pas souhaitables dans leur forme actuelle, et ne sont pas non plus indispensables.
Parlons clair : ce que j'appelle le "web des sans-papiers" - guillemets compris -, c'est l'ensemble des sites qui soutiennent les sans-papiers, donnent de l'info et restent vivants - ou sont des archives notables. Il s'agit bien sûr de http://bok.net/pajol, qui se revendique explicitement "site des africains sans-papiers de saint-ambroise", mais aussi du site de digipresse http://www.digipresse.imaginet.fr, du site samizdat "des papiers pour tous", du webdo clash infos de Ch Leleu, et de nombreux autres que j'oublie là sur le moment...
Sans vouloir faire ici un historique du "web des sans-papiers", il faut bien remarquer que les auteurs des sites (les "webmasters") sont le plus souvent un individu qui un jour s'est décidé à monter un page, parfois un collectif déjà créé qui met en ligne sa documentation, et exceptionnellement un collectif qui se crée autour d'une page.
Et puis, les choses se passant d'une certaine façon, les mises à jour étant plus fréquentes sur l'un ou l'autre des sites, les infos plus ou moins nombreuses, les relais dans la presse plus ou moins bien faits, le site pajol a été pris progressivement par plus ou moins tout le monde, consciemment ou inconsciemment, comme LE site des sans-papiers.
Et Marc, qui s'en occupe et est pratiquement le seul a en posséder les clés, se voit investi d'un pouvoir et d'une responsabilité : le pouvoir de décider de ce qui est sur LE site, et la responsabilité de faire que LE site tourne bien, recense l'info etc.
Je gère pour ma part une autre partie du "web", la liste "zpajol@rosa.bok.net". C'est un certain travail, et je le fais bien volontiers, en ajoutant mon grain de sel quand ça me chante. Et c'est normal. Mais je me trouve également investi d'un pouvoir (virer les emmerdeurs) et d'une responsabilité (virer les emmerdeurs. ... et faire que a liste fonctionne, soit utilisable etc.) [Autre responsabilité qui me tient à coeur : préserver les libertés individuelles des abonnés, faire qu'on puisse être inscrit sans que quiconque (employeur ou flic) puisse le savoir.]
A partir de là, et par un phénomène de concentration bien compréhensible, Marc, le petit comité qui l'aide, moi-même et quelques autres font figure de "patrons de presse". Et c'est là que ça devient mauvais : notre position fait courir des risques au "web des sans-papiers". Parce que tout le monde est mortel, parce qu'un disque dur ça peut planter, parce qu'il peut arriver qu'on arrête sans prévenir, parce que ... on peut se mettre au vert quelques semaines.
Bref, quoiqu'il arrive, il faut que notre "web" - celui d'un mouvement informel et qui tient à le rester -, s'organise de manière à mieux travailler en réseau, et se rende indestructible, c'est-à-dire suffisamment décentralisé pour ne pas dépendre d'un webmaster.
Et heureusement c'est tout à fait possible, sans aucune difficulté de technique ou de technicité : il nous manque juste cette prise de conscience et une pratique coopérative.
Quelles sont les fonctions dont on a besoin ? Pour simplifier, j'en vois quatre : un système de bookmarks/signets ; un système d'annonce des nouveautés sur le web ; un système de "liens" et de "sites amis" ; et un lieu de débats et d'alerte.
Comment partager tout ça ?
Ce site peut être n'importe où, et si quelqu'un vient à déconner ou vole le mot de passe, les webmasters cocus ne le seront pas trop : ils pourront refaire ces trois fichiers ailleurs.
Ainsi les nouveautés d'un site seraient annoncées sur tous les autres. Plus intéressant, ce système permet de décentraliser la production de documents. Ca permet aussi de rendre tous les sites plus instantanés et plus "vivants". Ainsi si Marc part en Inde pendant deux mois, le site pajol qui reçoit de nombreux visiteurs reste vivant grâce aux autres webmasters.
Dernier avantage, pour le simple spectateur, s'il utilise un système de surveillance de site ("Abonnement à un site" dans Internet Explorer) il n'est plus nécessaire de surveiller une liste de sites qu'il faut mettre à jour. Il suffit de surveiller cette page.
L'adresse de la "liste de secours" sera à utiliser avec beaucoup de précautions : si on envoie un message sur zpajol, et qu'au bout d'un délai important (24h par ex.) on s'aperçoit que le système ne fonctionne pas. Si on n'a pas réussi à contacter l'un des membres de MAIL.HTM... Alors seulement on peut envoyer le message sur la liste de secours. Ne jamais doubler (crossposter) les envois...